Salut à tous,
Nous en étions restés au collage de la touche et au frettage. Ensuite mise en forme du manche. Ce n’est pas facile, il faut y aller doucement et je me demande toujours quelles sont la forme et la dimension idéales. On est surpris, quand on décide de s’arrêter de voir que c’est à peu près correct et que le manche tient bien dans la main. Pour le manche j’ai suivi les recommandations de Cumpiano qui dit que le débutant doit en faire le plus possible avec des outils à lame (vastringue, rabot, grattoir) plutôt qu’avec des râpes. Mais j’ai tout de même fini à la râpe et au papier de verre.
Ensuite, il faut donner le galbe au fond du chevalet pour qu’il s’adapte bien au dôme de la table. Pour ça, j’ai suivi les conseils donnés par d’autres dans le forum en frottant le chevalet sur une feuille de papier de verre posée sur la table à l’emplacement où sera placé le chevalet. Cela prend un temps fou mais on n’est pas pressé.
Une partie aussi très enquiquinante est le positionnement de la cale du chevalet dans la guitare. Il est recommandé de mettre deux bandes de ruban adhésif par-dessus la cale et de coller à l’intérieur de la guitare chaque côté des bandes de ruban, dans la bonne position. C’est la galère. Je m’y suis pris une dizaine de fois en sortant chaque fois un paquet de ruban tout collé et une cale qui était tombée au fond de la guitare. J’ai finalement utilisé un adhésif double face pour bloquer la cale sous la position du chevalet. Adhésif peut-être un peu trop large et trop collant car j’ai eu un mal de chien à décoller la cale par la suite.
Ensuite, il faut centrer le chevalet (en palissandre, acheté tout verni chez Madinter). Pour ça j’ai placé du fil à coudre blanc à la place des cordes de mi 1 et 6 dans les trous du chevalet et au niveau du sillet de tête et j’ai vérifié si c’était symétrique au niveau de la touche. Une équerre permet aussi de vérifier que le chevalet est bien perpendiculaire à l’axe de la table.
On bloque avec le doigt le chevalet en place, bien positionné (1/2 diapason + 2 mm par rapport au centre de la frette 12) et centré et tu colles du papier de protection de peintre tout autour, en faisant attention de bien suivre les bords. Là, j’ai peut-être fait une erreur car j’aurais dû aussi faire deux trous de 2 mm dans le chevalet et la table pour placer des chevilles qui permettent de recentrer le chevalet s’il glisse quand on colle. En fait il n’a pas glissé mais cela aurait peut-être renforcé la jonction table-chevalet sous la tension des cordes, les spécialistes pourront me le dire.
L’emplacement du chevalet étant bien délimité par le papier de peintre, il faut encoller le chevalet (je n’ai utilisé jusqu’ici que de la colle blanche), placer des cales pour le protéger et serrer le tout avec des serre-joints (achetés chez Stewmac). On nettoie l’excès de colle qui a pu couler sur le papier et 15 min après tu enlèves le papier. La technique donnée par Cumpiano marche bien, aucune trace de colle sur la table. On enlève les serre-joints le lendemain. Après vérification, le chevalet était bien en place et n’avait pas glissé pendant le collage malgré l’absence de chevilles. Ouf, on respire un bon coup !
J’ai ensuite protégé la touche avec du papier de peintre et commencé à vernir la guitare. Pour le vernis, j’ai utilisé deux vernis préparés maison à partir de gomme laque. Une gomme laque blonde très claire, décirée pour garder la couleur à la table en épicéa et une gomme laque de base, plutôt orangée, non décirée pour donner une couleur un peu plus soutenue au manche en cedro et au fond et aux éclisses en cyprès. De mémoire, j’avais aussi ajouté une poignée de sandaraque dans le vernis orangé. Si cela t’intéresse on trouve sur Google Livres plein de recettes de vernis de luthier dans des livres anciens en accès libre. J’utilise un vernis de base, peut-être pas assez souple selon les anciens mais, après tout, je recherche une sonorité un peu clinquante pour une flamenca…
J’ai d’abord passé une couche de vernis sur toute la guitare et c’était l’horreur. Tous les défauts de surface sont ressortis. Cela m'a pris un bon moment pour reprendre la surface au grattoir, boucher les espaces au bord des filets avec de la gomme laque en paillettes (l’appareil à farter les skis marche très bien pour fondre les paillettes de gomme laque et l’étaler dans les fentes) et poncer au papier de verre. J’ai ensuite passé de la ponce au tampon pour boucher les pores du manche en cedro mais c’était moyennement convaincant, j’ai surtout insisté sur le placage de tête en palissandre.
Puis j’ai commencé le vernissage proprement dit (pas toujours très proprement) en faisant des ronds avec le tampon sur la surface selon la technique classique. Il y a encore des défauts de surface mais cela s’arrange petit à petit. Je n’ai pas compté les couches mais je ne veux pas en mettre trop pour ne pas empâter la guitare, quitte à en ajouter par la suite. Je passe le vernis au tampon régulièrement depuis maintenant environ 2 semaines. Je vais maintenant laisser le vernis durcir pendant une dizaine de jours puis je polirai la surface avec de la popote d’ébéniste.
Par ailleurs, j’avais auparavant taillé les sillets en os, limé les fentes des cordes dans le sillet de tête et ajusté la hauteur du sillet de chevalet. J’avais fait un petit essai de montage des cordes avant de vernir et l’action semblait plus ou moins correcte. Le chevalet a l’air de tenir avec des cordes d’Addario extra forte tension. On fera les ajustements et on verra ce que cela donne quand les cordes seront montées et tendues.
Et voici quelques photos.
A bientôt,
Xavier

Fig. 122. Mise à la dimension du manche

Fig. 123. Le manche terminé

Fig. 124. Toujours des défauts à reprendre au niveau de la feuillure du filet

Fig. 125. Donner le galbe au dos du chevalet

Fig. 126. Vérification du centrage du chevalet avec des fils (ici détendus)

Fig. 127. Du ruban de papier protecteur autour du chevalet

Fig. 128. Collage du chevalet avec les serre-joints

Fig. 129. Le ruban protecteur enlevé.

Fig. 130. Le vernis clair déciré pour la table et le vernis brut orangé pour le reste

Fig. 131. Bouchage des fentes à la gomme laque en paillettes

Fig. 132. Léger ponçage entre les couches de vernis

Fig. 133. Passage du tampon sur le fond. Difficile de faire la photo de la main gauche car on ne peut pas arrêter le tampon sur le bois

Fig. 134. Tampon sur le manche, les pores ne sont pas vraiment bouchés…

Fig. 135. La guitare sort parfois de la cave, ici au soleil, vue de dos

Fig. 136, Vue de face, noter la couleur de la table par rapport au fond.