La chute de la maison Usher - musique et littérature
Publié : lun. 25 juin 2012, 11:59
Pas une découverte, mais chaque fois ce morceau me surprend. J'en profite pour vous resservir un "article" que j'avais pondu sur un autre forum il y a quelques années.
« La chute de la maison Usher » est d’abord une nouvelle d’Edgard Allan Poe publiée pour la première fois en 1839. Elle relate le séjour du narrateur dans la maison d’un ancien ami l’ayant appelé à l’aide. Malade dans son corps et dans son âme, Roderick Usher espère trouver dans la visite de son ami un réconfort sinon un remède. Le narrateur sera irrémédiablement attiré dans l’irréel, dans la folie et l’épouvante. Et de façon assez ironique, lui qui décrivait au début de l’histoire la maison de son ami comme d’une tristesse insupportable car ne recelant même pas une part de terreur, finira par en ressentir toute l’horreur.
Traduite par Baudelaire, elle a semble-t-il connu un franc succès dans la francophonie. La traduction, on s’en doute, ne diminue pas l’œuvre de Poe et d’aucun prétendront qu’elle la magnifie.
Bien qu’appréciant beaucoup la langue anglaise, et même certains textes en anglais vieillis, je partage assez cet avis. Je trouve par ailleurs la langue française mieux adaptée à ce langage désuet, avec ses phrases puissantes et kilométriques, ainsi qu’aux infinis méandres de la folie humaine. Je vous propose ci-après un court extrait, dans les deux langues, dans lequel le narrateur approche de la demeure de son ami et explique la raison de sa venue.
Wikipedia vous apprendra que les transpositions de cette œuvre dans d’autres disciplines sont nombreuses (opéra inachevé de Debussy, adaptations cinématographiques diverses, bande-dessinée…).
Ce dont wikipédia ne vous parlera pas, et c’est regrettable, c’est de la « Valse Usher », morceau pour guitare classique composé par Nikita Koshkin.
Personnellement, j’ai connu la valse avant la nouvelle, grâce à mon professeur de guitare classique, et c’est la première qui m’a donné envie de lire la seconde. L’une comme l’autre « décrivent » merveilleusement la mélancolie, la lente décrépitude vers la folie et ses accès furieux, agités. J’adore la fin de la valse, qui fait succéder à la démence une agonie faussement sereine, fébrile et comme parcourue de soubresauts. C’est – et pour cause – un morceau qui raconte une histoire.
C’est par ailleurs un morceau qui met la guitare classique bien en valeur, le genre de pièce qui permet à un instrument aussi peu connu, voire déconsidéré dans le milieu classique de relever la tête et de s’asseoir sans scrupules au même rang que violons et pianos.
Extrait du texte :
« C'était néanmoins dans cet habitacle de mélancolie que je me proposais de séjourner pendant quelques semaines. Son propriétaire, Roderick Usher, avait été l'un de mes bons camarades d'enfance; mais plusieurs années s'étaient écoulées depuis notre dernière entrevue. Une lettre cependant m'était parvenue récemment dans une partie lointaine du pays, une lettre de lui, dont la tournure follement pressante n'admettait pas d'autre réponse que ma présence même. L'écriture portait la trace d'une agitation nerveuse; L'auteur de cette lettre me parlait d'une maladie physique aiguë, d'une affection mentale qui l'oppressait, et d'un ardent désir de me voir, comme étant son meilleur et véritablement son seul ami, espérant. trouver dans la joie de mn société quelque soulagement à son mal. C'était le ton dans lequel toutes ces choses et bien d'autres encore étaient dites, c'était cette ouverture d'un cœur suppliant, qui ne me permettait pas l'hésitation; en conséquence, j'obéis immédiatement à ce que je considérais toutefois comme une invitation des plus singulières. »
“Nevertheless, in this mansion of gloom I now proposed to myself a sojourn of some weeks. Its proprietor, Roderick Usher, had been one of my boon companions in boyhood; but many years had elapsed since our last meeting. A letter, however, had lately reached me in a distant part of the country — a letter from him — which, in its wildly importunate nature, had admitted of no other than a personal reply. The MS. gave evidence of nervous agitation. The writer spoke of acute bodily illness — of a pitiable mental idiosyncrasy which oppressed him — and an earnest desire to see me, as his best, and indeed, his only personal friend, with a view of attempting, by the cheerfulness of my society, some alleviation of his malady. It was the manner in which all this, and much more, was said — it was the apparent heart that went with his request — which allowed me no room for hesitation — and I accordingly obeyed, what I still considered a very singular summons, forthwith.”
La musique :
http://www.youtube.com/watch?v=w3ulenPf_II&feature=fvw
« La chute de la maison Usher » est d’abord une nouvelle d’Edgard Allan Poe publiée pour la première fois en 1839. Elle relate le séjour du narrateur dans la maison d’un ancien ami l’ayant appelé à l’aide. Malade dans son corps et dans son âme, Roderick Usher espère trouver dans la visite de son ami un réconfort sinon un remède. Le narrateur sera irrémédiablement attiré dans l’irréel, dans la folie et l’épouvante. Et de façon assez ironique, lui qui décrivait au début de l’histoire la maison de son ami comme d’une tristesse insupportable car ne recelant même pas une part de terreur, finira par en ressentir toute l’horreur.
Traduite par Baudelaire, elle a semble-t-il connu un franc succès dans la francophonie. La traduction, on s’en doute, ne diminue pas l’œuvre de Poe et d’aucun prétendront qu’elle la magnifie.
Bien qu’appréciant beaucoup la langue anglaise, et même certains textes en anglais vieillis, je partage assez cet avis. Je trouve par ailleurs la langue française mieux adaptée à ce langage désuet, avec ses phrases puissantes et kilométriques, ainsi qu’aux infinis méandres de la folie humaine. Je vous propose ci-après un court extrait, dans les deux langues, dans lequel le narrateur approche de la demeure de son ami et explique la raison de sa venue.
Wikipedia vous apprendra que les transpositions de cette œuvre dans d’autres disciplines sont nombreuses (opéra inachevé de Debussy, adaptations cinématographiques diverses, bande-dessinée…).
Ce dont wikipédia ne vous parlera pas, et c’est regrettable, c’est de la « Valse Usher », morceau pour guitare classique composé par Nikita Koshkin.
Personnellement, j’ai connu la valse avant la nouvelle, grâce à mon professeur de guitare classique, et c’est la première qui m’a donné envie de lire la seconde. L’une comme l’autre « décrivent » merveilleusement la mélancolie, la lente décrépitude vers la folie et ses accès furieux, agités. J’adore la fin de la valse, qui fait succéder à la démence une agonie faussement sereine, fébrile et comme parcourue de soubresauts. C’est – et pour cause – un morceau qui raconte une histoire.
C’est par ailleurs un morceau qui met la guitare classique bien en valeur, le genre de pièce qui permet à un instrument aussi peu connu, voire déconsidéré dans le milieu classique de relever la tête et de s’asseoir sans scrupules au même rang que violons et pianos.
Extrait du texte :
« C'était néanmoins dans cet habitacle de mélancolie que je me proposais de séjourner pendant quelques semaines. Son propriétaire, Roderick Usher, avait été l'un de mes bons camarades d'enfance; mais plusieurs années s'étaient écoulées depuis notre dernière entrevue. Une lettre cependant m'était parvenue récemment dans une partie lointaine du pays, une lettre de lui, dont la tournure follement pressante n'admettait pas d'autre réponse que ma présence même. L'écriture portait la trace d'une agitation nerveuse; L'auteur de cette lettre me parlait d'une maladie physique aiguë, d'une affection mentale qui l'oppressait, et d'un ardent désir de me voir, comme étant son meilleur et véritablement son seul ami, espérant. trouver dans la joie de mn société quelque soulagement à son mal. C'était le ton dans lequel toutes ces choses et bien d'autres encore étaient dites, c'était cette ouverture d'un cœur suppliant, qui ne me permettait pas l'hésitation; en conséquence, j'obéis immédiatement à ce que je considérais toutefois comme une invitation des plus singulières. »
“Nevertheless, in this mansion of gloom I now proposed to myself a sojourn of some weeks. Its proprietor, Roderick Usher, had been one of my boon companions in boyhood; but many years had elapsed since our last meeting. A letter, however, had lately reached me in a distant part of the country — a letter from him — which, in its wildly importunate nature, had admitted of no other than a personal reply. The MS. gave evidence of nervous agitation. The writer spoke of acute bodily illness — of a pitiable mental idiosyncrasy which oppressed him — and an earnest desire to see me, as his best, and indeed, his only personal friend, with a view of attempting, by the cheerfulness of my society, some alleviation of his malady. It was the manner in which all this, and much more, was said — it was the apparent heart that went with his request — which allowed me no room for hesitation — and I accordingly obeyed, what I still considered a very singular summons, forthwith.”
La musique :
http://www.youtube.com/watch?v=w3ulenPf_II&feature=fvw