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Yussuf Mirajkar

Publié : mer. 25 mars 2009, 17:52
par OlivierMTL
Étant installé en inde, dans la Maharashtra, a Pune ( Poona), 180 km de Bombay, et ce depuis bientôt 3 semaines, je n'ai pas résisté a ma vieille lubie des sitars.
A Pune, une sitar, ca se mérite. C'est sur il y a quelques magasins d'instruments ou en en trouve quelques unes, mais toujours de qualité médiocre, très médiocre.
Les chevalets ne sont ni faits ni a faire, en fait si, il faut se les travailler soi-même, ce qui n'est pas a la portée du premier couillon venu, vu qu'il fait 3 cm de large, qu'il faut le tailler de manière a ce que toutes les notes jouées produisent ce surplus d'harmonique si magique, et surtout il faut le faire deux fois, une fois pour les cordes jouées et le bourdon et une fois pour les 11 cordes sympatiques. Donc, ne pas acheter dans un magasin général a moins d'être sur un jour de chance.
Une sitar ca se mérite, il m'a fallu 2h de marche dans Lakshmi road pour trouver l'atelier de Monsieur Mirajkar, pour vous donner une idée c'est comme les puces, mais 10 a 20 fois plus grand avec 10 a 20 fois plus de monde, ca tourbillonne, ca klaxonne, c'est une autre planète, et surtout les noms de rue sont indiqués en maharati ou en hindi, et il n'y a pas de numéros aux immeubles.
Les Mirajkar
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Luthiers de Grand père en arrière petits fils, ils se sont installés à Pune voici 3 générations, ils viennent de Miraj, ville réputée pour la fabrication des sitars et tampuras. L'atelier est situé au 2e étage d'une vieille maison de lakshmi road, on est entouré d'orgues, de quelques sarods, des tempura basse, ici, pas d'outils électriques, tout se fait a l'ancienne, assi en tailleur, je suis accueilli pas Sajid, le fils, il me présente son père, m'invite a m'asseoir, quelques questions, sur ce que je recherche comme type d'instrument, quelles sont mes préfférences sonores, nous discutons un bon moment, je lui dit que je fabrique des guitares, lui montre quelques photos de guitares en construction, il s'amuse beaucoup a regarder les étapes, la maniere de cintrer le bois, il m'invite a venir voir la construction des sitars après le 5 avril, pour des raisons d'hygrométries, il recommence a fabrication annuelle dans quelques semaines, Yussuf Mirajkar est une homme très agréable et très perspicace ! Après en avoir essayé plusieurs de toutes les gammes de prix, j'ai craqué pour celle là, pour son son et la simplicité et le qualité de sa lutherie :
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A propos de l'hygrométrie ici, il fait en ce moment 35 degrés, ca va monter et il n'a pas plu depuis 3 mois, a part quelques ondées passagères.
En gros une sitar est fabriquée a partir d'un fruit genre calebasse assez gros ( 60 cm ), coupé en deux on y adapte un morceau de bois pour la jonction avec le manche, le manche est creu, et on y colle une table massive assez épaisse dans les 3 mm, la table, le manche, sont en tek.
les chevalets ( jawari ) sont ici en ébène, particularité de quelques luthiers dont monsieur Mirajkar, ils sont habituellement en os de chameau, pauvres bêtes.
Sinon l'inde est vraiment une autre planète ou les vaches ont vraiment la priorité, et ou j'ai croisé Babar deux fois en chair et en os ( 3 tonnes ) on a même attendu le même feu vert ensembles...
Au programme si j'ai le temp, aller visiter Miraj, a 200km de Pune, soit 4 ou 5h de route, LA ville des luthiers du maharashtra, apparement, c'est ici que poussent les meilleurs fruits pour la fabrication des corps des instruments, la région étant tr;s bien tempérée pour cette culture, et j'ai rendez vous avec un prof de sitar et un ami d'un collègue du boulot qui joue du sarod, plein de bons moments en perspective !
Quelques photos ?, mon blog : www.latches.blogspot.com

Publié : mer. 25 mars 2009, 18:00
par Florian
très intéressant Olivier !
merci
tu sais jouer de la cithare ?

Publié : mer. 25 mars 2009, 18:31
par OlivierMTL
J'ai juste quelques bases chopées a droite a gauche, au moins savoir l'accorder suivant le type de Raga, je dois prendre des cours a Poona.
Tu verras sur le blog que , non, je ne sais pas jouer ! hahahaha

Publié : lun. 30 mars 2009, 14:29
par toto
petit reportage tout à fait interressant. et belle facture !
merçi pour ce post

Publié : lun. 30 mars 2009, 14:52
par lukou
C'est un pays de furieux. Tellement surprenant. On aime ou on aime pas. Ce qui est sûr c'est que l'on revient avec beaucoup d'images en tête 8)

:idea: Je croise tous les jours des Indi au boulot. Ici, cela doit être vraiment paisible pour eux... pas de klaxon partout, de voitures.. touc-touc dans tous les sens, etc etc... A contrario, j'aurai du mal à y vivre toute l'année. Trop de monde et trop de temps perdu pour des bricoles :oops: :?

A propos, Bombay se dit aussi Mumbai :D C'est une des villes où l'influence Occidentale est très présente. Cela fait du bien pour ses repères :wink: 30km dans la pampa et là... retour au moyen age :(

Publié : lun. 30 mars 2009, 15:57
par angfra
Superbe instrument :wink: Très belle histoire :wink:
Bon courage pour l'accordage.....et le jeu!!!!! :wink:

Publié : lun. 30 mars 2009, 16:17
par Xavier
Merci pour le reportage Olivier. Visiter des luthiers tout autour du monde, mon rêve ! Superbes instruments. Tu l'as préféré en noir ?

Combien d'heures pour l'accorder ?

Bons raga, fais-toi plaisir ! :D

Xavier

Publié : lun. 30 mars 2009, 18:16
par OlivierMTL
hahahah juste 1h la premiere fois, mais il faut savoir que l'accordage des 11 cordes sympatiques changent suivant le mode du raga.
l'accordage est très important si ce n'est pas bien accordé, les cordes ne résonneront pas par sympathie et donc on perd 80 % du son.
Je vais débuter des cours dans pas long , je vous raconterai ca, en attendant je m'habitue au contact de l'instrument et au nom des notes et divers ragas.
Hé oui, il y a en ce moment en inde un grand mouvement nationaliste qui a tendance a vouloir renommer les noms des villes comme à l'origine, avant la colonisation, c'est ainsi que Benares s'appelle en fait Vanarassi, Calcutta, Kolkota, Pondycheri, Pudushari, et Bombay, Mumbay.
Il est vrai que ce que je vis au quotidiens ici, est vraiment très contrasté, la modernité à l'occidentale cotoie parfois des choses qui nous semblent surgir d'un temps révolu, pour nous, occidentaux.
Mais je n'y suis que temporairement, 3 mois peut être 6, et je tiens a profiter de cette expérience au maximum, l'Inde étant pour moi un vieux rêve d'enfance, et y travailler est évidement différent que d'y être en vacances.
Mais bon, j'ai toujours en tête mon Babar en 3 tonnes de chair et d'os qui attendait le même feu vert que moi.....ca surprend.

Publié : mar. 31 mars 2009, 09:23
par gorax
Super compte-rendu: grand amoureux du sitar, je n'ai jamais craqué, effectivement, je n'en n'ai jamais trouvé un seul qui sonnait bien! mais je n'ai jamais été en Inde...
Tes explications sont très complètes et éclairantes...
Deux questions:
- Est-il possible d'acquérir un "vrai" instrument et de le faire envoyer?
- Ces sitars "made in India" résisteraient-ils à la différence de climat et surtout de taux d'humidité?

Enfin: profites-en un max: se plonger dans une culture aussi passionnante doit être marquant pour la vie 8) 8)

Publié : mar. 31 mars 2009, 12:37
par OlivierMTL
Pour l'instant il fait 40 degrés avec 35 % d'humidité, la chaleur et l'humidité vont monter pendant la saison de la mousson , en juin, je ne sais pas comment elle va réagir, mais, pour un climat comme celui de la France cela ne devrait pas trop poser de problèmes, j'ai un peu plus peur du climat de MOntréal, l'humidificateur va de toute facon être de rigueur pour l'hiver prochain.
Se faire envoyer est toujours possoble, tu peux demander a avoir un étui en fibre de verre pour une protection maximale, mais je te conseille le transpor par DHL ou par avion pour éviter le bateau, ca peut être très, très long, mais il vaut mieux toujours essayer les instruments avant de les acheter, chez ce luthier, toutes les sitar que j'ai essayé étaient de très bonne qualité, mais les sonorités très différentes les unes des autres.
C'est un instrument qui évolue beaucoup, en deux semaines en la jouant tous les soir, elle a déja commencé a s'ouvrir, certaines notes qui ne répondaient pas dans les aigus se sont vraiment ouvertes, maintenant j'ai un instrument qui répond bien sur les registres majeurs. Je veux dire par la que, par exemple, un do grave déclenchait la résonnance des cordes sympatiques en do (3 ), mais pas les do aigus, ils se sont déclenchés a force de jouer sur l'instrument et d'insister sur ces notes. Il faut aussi faire jouer ces cordes sympatiques.
En fait ce sont les 11 cordes sympatiques qui sont les plus difficiles a accorder, un peu comme un violon sans le "fine tuning" sur le cordier.
Il y a juste les deux chikari ( les 2 cordes les plus aigues qui servent de bourdon)qui sont un peu plats, je vais y retourner pour un petit réglage, juste les pontets en os qui doivent légèrement bloquer ces deux cordes.
Maintenant il me reste a développer les cordes sympatiques sur les modes mineurs. :wink:

Publié : mar. 31 mars 2009, 13:49
par gorax
Passionnant! :wink:

Publié : mar. 31 mars 2009, 13:51
par lukou
Je me suis toujours demandé comment fonctionnait cet instrument. Superbe de faire partager cette expérience :oops: :wink: