Rouverte devrais-je écrire car, jusqu'à peu, elle était occupée par François Ettori, un luthier-archetier du quatuor qui a déménagé au 80 de la même rue pour s'agrandir.
La rue de La Villette serait-elle en passe de devenir la nouvelle rue musicale parisienne ?

Qui sait ? Avis aux professionnels, il reste manifestement des locaux disponibles !

Surprise, c'est une superbe Höfner, copie de Gibson 335 qui occupe la place d'honneur dans la vitrine !
Renseignement pris, Jérôme Lair partage la boutique avec le distributeur français de la marque. Celui-ci importe également des guitares espagnoles (classiques et flamenca fabriquées en Asie mais de très belle facture cependant), ukuleles britanniques et allemand et aussi des instruments de "musique du monde" (je préfère cette expression à "instruments ethniques") de la marque britannique Ashbury (bouzouki irlandais, mandole arabe, luth...). Notez qu'Ashbury, pas très réputée chez nous, reçoit régulièrement des éloges dans le magazine Acoustic (le dernier, dans le numéro de février, pour une jolie OM à moins de 500€!)
Le magasin est plein à craquer d'instruments qui appellent et réclament : « Des mains, des mains ! »

Revenons à notre luthier.
Après obtention du diplôme de « Guitar Making » avec « Distinction » à la School of Guitar Making de Newark on Trent (GB), il est passé par Boom en Belgique pour étudier la restauration et la fabrication d'instruments historiques. J'ai examiné le petit luth qu'il a réalisé pour obtenir son diplôme et, pour un premier projet, côtes en if, table en épicéa, c'est du beau boulot !
Malheureusement le chevalet s'est décollé depuis, je ne vous dirai donc rien de sa sonorité...

Jérôme Lair n'ouvre sa porte que de 16h à 20h (davantage le samedi, je crois, renseignez-vous) car il faut bien qu'il travaille à l'atelier, dans l'arrière-boutique.
Passé cet obstacle, l'accueil est très sympathique et chaleureux, et à Paris ce n'est pas banal !
Installé depuis septembre dernier seulement, il fait surtout des réglages et des réparations d'instruments (toutes cordes pincées) mais il ne perd pas de vue la fabrication, avec une classique en cours de montage. C'est un « jeune traditionaliste », inconditionnel de la colle animale (« elle a fait ses preuves depuis des siècles ») mais pas un passéiste pour autant. Conscient des contraintes écologiques actuelles et à venir, il suit de près les travaux du Leonardo Guitar Research Project cher à Fransgreg


Quoiqu'il intervienne sur tout type de guitare, ses goûts personnels en matière de construction le portent davantage vers les classiques, flamenca et manouches. Mais à côté de cela, il m'a montré sa dernière acquisition, une guitare romantique de Coffe (non, non, non pas Jean-Pierre, Jean-Joseph), aussi connu sous le nom Coffe-Goguette, un instrument des années 1820 qu'il a bien l'intention de restaurer (et aussi d'en faire le plan).
C'est un un instrument remarquable avec une double table, un « soundport » sur le dos et une touche « scallopée », plus étonnant que les deux Coffe qui sont présentées au musée de Mirecourt... J'ai hâte de l'entendre !
Alors, amis Parisiens, si l'envie vous prend de faire un tour dans le 19e, n'hésitez-pas ! En plus, c'est à côté du Parc des Buttes-Chaumont (conçu par Alphand), en cours de restauration lui aussi, un des plus beaux espaces verts de la capitale !

https://www.facebook.com/lutherie.lair
P.S. Encore merci pour lui, Benoit;)